Le Bergoje

Le Bergoje

Introduction

Le Bergoje prend de nos jours l’allure d’une colline enclavée entre la Chaussée de Wavre, l’Avenue HERRMANN-DEBROUX et la Rue BASSEM. Mais à l’origine, ce promontoire faisait partie du vaste plateau qui s’étire en direction du Nord-Est de notre commune, délimité à l’Ouest et au Sud par les vallées respectives de la Woluwe (Boulevard du Souverain) et du Roodkloosterbeek (Avenue/Viaduc HERRMANN-DEBROUX), vallées qui, à l’origine, étaient remplies d’étangs.

Alors que l’étang du Lange Gracht de Rouge-Cloître est aujourd’hui barré par la Chaussée de Wavre au lieu-dit Ten Bruksken, un plan de 1721 (Carte figurative des chaussées projetées entre Auderghem et Tervueren et entre le premier de ces endroits et Notre-Dame-au-Bois, dressée par A. DE BRUYN, en 1721) le représente encore s’étendant jusqu’à la Woluwe (Rue BASSEM).

Ce sont les déblais très importants entrepris lors de l’établissement de la Chaussée de Wavre (en 1729), nécessaires pour limiter sa pente, qui sont à l’origine du talus abrupt au pied du Bergoje. En face, il y a aussi un talus, mais moins visible de la rue, car dissimulé par les maisons mitoyennes disposées le long de la Chaussée ; mais on s’en rend bien compte lorsqu’on grimpe la Montagne de Sable pour gagner la Rue du Villageois.

Ce promontoire, orienté Sud, fut tôt habité par l’homme. Un site néolithique y fut identifié par Eugène DUPRÉEL en 1916 (DMS et MRAH, Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles – 21 – Auderghem, 2010).

Le « Bergoje s’appelait jadis Loozenberg. Gustave DEMEY (Bourgmestre d’Auderghem de 1921 à 1932) aurait utilisé le premier le terme berghuizen (maisons construites sur une hauteur). Dans le dialecte auderghemois, ceci se traduit par berg-hose ou bergoje. Depuis lors, le Loozenberg devint le Bergoje » (cf. Louis SCHREYERS in Auderghem chemins faisant, Ed. Het Streekboek, 2003).

Présentation des aspects suivants du Bergoje :

 

Le hameau

Il existe encore un vieil hameau au sommet de la colline qui surplombe la Chaussée de Wavre. Ses petites maisons se serrent de part et d’autre de chemins piétonniers prenant naissance sur la Chaussée. Elles offrent un charme d’antan et leurs jardins longs et étroits forment une insoupçonnable réserve naturelle.

Vue du hameau depuis la Chaussée de Wavre. La maison aux baies arquées porte le millésimée de 1895. Photo de Christian CLAUSS

Le style rappelle les carrés où logeait la classe ouvrière aux XIX-XXes siècles. Cependant, l’habitat populaire sur le Bergoje est plus ancien, comme l’attestent les cartes anciennes du XVIIIe siècle.

Carte postale plus que centenaire : les petites maisons surplombant la Chaussée de Wavre

Le plan parcellaire de la commune de Watermael-Boitsfort avec les mutations jusqu’en 1836 (par Philippe VANDERMAELEN) représente de manière très détaillée les maisons étroites se serrant le long de la Chée de Wavre ; chacune est nantie d’une parcelle de terrain en « frite » qui s’étire jusqu’au versant opposé de la colline, côté Sud. Telle est encore de nos jours la caractéristique du hameau sur le Bergoje.

Vue en direction de l’église Sainte-Anne sur les lopins de terre encore cultivés. ©Jean-Claude DEMEY, 1972.

La maison de repos et de soins Carina

La maison de repos (groupe ORPEA depuis environ 2012) fut érigée vers 1988 par l’entrepreneur CIT BLATON, le même qui construisit les immeubles du Clos du Bergoje (vers 1986) et ceux de la Place Communale (1989-1991).

La maison de repos nichée dans la verdure du Bergoje. A l’avant-plan, la dernière rangée de maisons du vieil hameau ; à droite, la Chaussée de Wavre. Remerciements à Erwan DE LAUW (avril 2018).

Avant la maison de repos existait là une pépinière, créée en 1946 par Joseph et Jacques BASSEM (petits-fils de Jacques BASSEM (1868-1931), plombier et Échevin des Travaux Publics de 1921 à son décès (Site de l’entreprise et témoignages oraux de Christian BASSEM) et qui prêta son nom à la rue appelée autrefois Rue de la Woluwe).

L’entreprise horticole J&J BASSEM existe toujours, à Overijse, et continue à être dirigée par la descendance.

Clichés d’époque de l’entreprise horticole J&J BASSEM à l’emplacement de l’actuelle maison de repos Carina Henri BASSEM (le père de Joseph et Jacques) et descendance. A l’horizon, le Sacré-Cœur au Transvaal . (Collection Christian BASSEM)

Serres et cultures en terrasses sur le flanc Sud du Bergoje.

A l’époque, l’unique voie d’accès menant aux pépinières était le chemin donnant sur la Chaussée de Wavre, à gauche du jardin de la «Maison OLEFFE».

L’ancien accès des pépinières à la Chaussée de Wavre, à droite du numéro 1887, photo de Christian CLAUSS.

Clos du Bergoje et villa « La Bruyère »

Le Clos du Bergoje, photo de Christian CLAUSS.

D’anciennes cartes postales illustrent une curieuse villa, dénommée La Bruyère (parfois, Villa des Bruyères), dont l’histoire était complètement oubliée des Auderghemois. Les « Anciens » ne se souviennent d’elle plus qu’à l’état de ruines.


Photographie du début du XXe siècle (Cliché F. WALSCHAERTS, Bruxelles).

C’est non sans difficultés que les éléments suivants ont été rassemblés. Par exemple, le numéro de police changea à 4 reprises (dont une fois avec un saut de 1040 unités !) et l’adresse ne figure à l’Almanach de la Ville de Bruxelles et agglomération qu’à partir des années 1920. Ce sont finalement le registre de population et les archives personnelles d’Henri VERRYCKEN, conservés à la Commune d’Auderghem, qui levèrent le voile (Merci à Monsieur Patrick THIRY, Chef du Service Population à l’Administration communale d’Auderghem).

Un des moments clés de ces recherches est également la découverte de l’article Généalogie ascendante de Hélène Mathilde VERRYCKEN rédigé par Yves HERALY (GéniWal n°64, 2014, pp.115-119), un arrière-petit-fils d’Henri VERRYCKEN (merci à lui également !).

La vie d’Henri VERRYCKEN

Le projet de la villa semble remonter à 1905 : c’est l’année où Gabriel VAN DIEVOET, peintre-décorateur réputé et spécialisé dans la technique du sgraffite, établit un « projet de sgraffites pour la façade de la villa de M. VERRYCKEN à Auderghem (Bruxelles, architecte LAENEN) » (« Gabriel VAN DIEVOET (1875-1934) », note des Archives d’Architecture Moderne ; l’architecte pourrait avoir été Antoine LAENEN, marié à une cousine d’Henri VERRYCKEN).

Henri VERRYCKEN naquit à Bruxelles le 20 novembre 1860 et y décéda le 6 décembre 1936 (Cimetière de Bruxelles à Evere, dossier relatif à la concession 4768). Il était le fils de Laurent VERRYCKEN (Grimbergen 1835 – Bruxelles 1892), à l’époque boulanger, parfois considéré comme l’un des fondateurs du Parti Ouvrier Belge (l’actuel Parti Socialiste).

Henri VERRYCKEN épousa Hélène DUYVERWAARDT (1859-1936) en 1882 (Registre population au Service Population Auderghem). Leurs enfants Alice et Georges Henri naquirent tous deux à Bruxelles, respectivement le 9 septembre 1884 et le 13 avril 1888.

C’est à Auderghem qu’Alice VERRYCKEN épousa en 1909 le sous-lieutenant Alexandre Jean Pierre COOREMAN (né à Bruxelles le 29 septembre 1880) (Etat civil, registre des mariages à Auderghem en 1909 ; on trouve mention, dans les années 1930, d’une librairie générale A. COOREMAN-VERRYCKEN, sise Rue de Namur, 29 à Bruxelles).
Quant à son grand frère Georges Henri, il épousa, la même année, Esther Eugénie RENKIN (Etat civil, registre des naissances à Liège en 1909), dont descendance. La littérature le qualifiait généralement d’homme de lettres. Il semble qu’il fut l’auteur de pièces musicales.

L’activité professionnelle d’Henri VERRYCKEN

Le métier qu’évoquent généralement les actes officiels au sujet d’Henri VERRYCKEN est « libraire ». Dans son cas, cela ne signifiait cependant pas qu’il était un marchand de livres, mais bien qu’il organisait leur distribution sur le territoire belge. Et ce, pour la première fois de manière moderne. En effet, il fonda, en 1886, avec Guillaume DECHENNE, les Messageries de la Presse ou Agence DECHENNE (Inscription sur sa sépulture au Cimetière de Bruxelles, Evere), dont est issu le grand groupe de distribution AMP toujours en activité de nos jours.

L’extrait suivant, tiré d’un article du Figaro du 30 avril 1913 consacré à la nomination d’Henri VERRYCKEN au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur parait résumer parfaitement l’activité d’Henri VERRYCKEN :

« Il y a vingt-sept ans, les Messageries de la presse, créées par MM. VERRYCKEN et DECHENNE, venaient prêter de véritables ailes à la diffusion la diffusion des journaux périodiques et livres français en Belgique, en couvrant le territoire d’un réseau si serré d’agences de transmission, de distribution et de vente que pas un village, – à peine un hameau – ne s’en trouve exclu désormais. […] En 1886, la vente des journaux français du matin, en nos neuf provinces, se chiffrait par 16 000 exemplaires. En 1890, les Messageries de la presse aidant, elle atteignait une moyenne de 200 000. Et s’alliant aux Messageries Hachette, dont ils voulurent être comme le prolongement, MM. VERRYCKEN et DECHENNE firent si bien qu’en l’an de grâce 1913, c’est plus de 1 500 000 journaux, revues, livres français qu’ils fournissent chaque jour aux besoins d’un royaume de moins de huit millions d’habitants ».

La carrière politique d’Henri VERRYCKEN (D’après le dossier personnel à la Commune d’Auderghem contenant sa lettre de démission du 14 juillet 1921) 

Henri VERRYCKEN s’installa dans sa villa La Bruyère le 1er octobre 1907 ; elle constitua dès cette date sa résidence principale (Registre population au Service Population Auderghem). Et pour cause, puisqu’il se fit élire conseiller communal à Auderghem au scrutin du 20 octobre 1907 (avec entrée en fonction le 1er janvier 1908 et expiration du mandat le 1er janvier 1916). Soit en même temps que Carl HERRMANN-DEBROUX, candidat libéral pour la première fois et futur bourgmestre d’Auderghem (du 18 mai 1912 au 24 avril 1921).

Intérieur de la Villa « La Bruyère » au temps de sa splendeur : la salle à manger (©Yves HERALY)

Il entra en fonction comme Échevin de l’Instruction publique le 24 mai 1912, au sein de l’équipe menée par le Bourgmestre HERRMANN ; vu l’état de guerre, le mandat fut prorogé jusqu’au 24 juin 1921. Auderghem ne comptait encore que deux échevins à cette époque.

Réélu conseiller communal au scrutin du 24 avril 1921, il ne s’installa pas dans ses fonctions, puisqu’il donna sa démission le 14 juillet 1921, en précisant dans sa lettre adressée à cette occasion au Conseil communal d’Auderghem : « je n’ai accepté de candidature aux dernières élections que par sympathie pour Monsieur HERRMANN. Celui-ci renonçant à son mandat, je prends la même décision ». Gustave DEMEY, du parti catholique, revêtit à cette époque l’écharpe maïorale.

Souvenir de la commémoration du Groupe scolaire du Centre (28 décembre 1913) : toute une page de l’histoire de l’administration communale d’Auderghem ! Photo de Christian CLAUSS.

Sépulture d’Henri VERRYCKEN au Cimetière de Bruxelles à Evere. Photo de Christian CLAUSS.

Sa signature

56 titres de la Presse et des Éditeurs français figurent sur cette plaque de bronze apposée au pied de la stèle, en hommage à Henri VERRYCKEN « en souvenir de sa nomination au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur ». Photo de Christian CLAUSS.

L’après-VERRYCKEN

En 1956 la villa (alors dénommée Château Les Fougères) devint un home pour enfants, le Baby Hotel. C’était une initiative de la famille BURNIER. Les enfants étaient accueillis en week-end, en vacances ou à demeure. Ce pouvaient être des enfants dont les parents voyageaient ou étaient divorcés ou ne voulaient tout simplement leurs enfants qu’en part-time (un chauffeur venait les chercher…). La famille BURNIER, locataire au cours des premières années, en devint propriétaire, avant de la revendre en 1965. Elle poursuivit ailleurs l’entreprise (Feuillet publicitaire du Baby Hotel et témoignage oral de Roland BURNIER).

Le parc du Bergoje

Ce parc s’étire d’Est en Ouest le long du Roodkloosterbeek qui y coule à ciel ouvert. Il occupe donc la vallée de cette rivière (comprenant une zone humide), coincée entre le Clos du Bergoje niché sur le haut de la colline, les immeubles de bureaux et le Delhaize situés à front de l’Avenue HERRMANN-DEBROUX. Le versant Sud de cette colline, très pentu et arboré, fait encore partie du parc. Deux sentiers de promenade s’offrent au public : l’un en fond de vallée, l’autre au sommet du versant, derrière les jardins privés du Clos.

La porte monumentale qui donne accès au Parc du Bergoje, Rue BASSEM, photo de Christian CLAUSS.

« Le Roodkloosterbeek, second affluent de la Woluwe sur le territoire de la Commune, prend sa source en Forêt de Soignes, en Brabant flamand, et entre à Auderghem à l’Est de Rouge-Cloître » (DMS et MRAH, Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles – 21 – Auderghem, 2010). Le ruisseau traverse le site de l’ancien prieuré (en empruntant notamment un pertuis de l’époque des moines) avant de croiser la Chaussée de Wavre au lieu-dit Ten Bruksken. On l’y voit à hauteur d’un vieux parapet, avant d’être englouti par la Chaussée.

Parapet surplombant le Roodkloosterbeek, Chaussée de Wavre au lieu-dit ten Bruksken. Photo de Christian CLAUSS.

Trois immeubles de bureaux plus loin, le voilà qui refait surface, côté chemin d’accès à la Maison CARINA.

Le Roodkloosterbeek coulant à ciel ouvert dans le Parc du Bergoje, photo de Christian CLAUSS.

Le ruisseau termine sa course dans la Woluwe, qui coule sous la Rue BASSEM. Le point de chute dans la Woluwe est resté visible derrière un ancien parapet faisant office de clôture de jardin (maison n° 28).

Confluence du Roodkloosterbeek et de la Woluwe, Rue BASSEM. Photo de Christian CLAUSS.

L’aménagement du parc actuel date de 1994. Le Maître d’Ouvrage fut l’IBGE, qui assuma également la conduite des travaux. Le concepteur en fut l’architecte-paysagiste Roland BAEYENS (bureau d’études «Urbanisme et Aménagement», Bruxelles) ; l’entrepreneur BRUFORT réalisa les travaux.
Roland BAEYENS (1948-2012) fut aussi l’un des artisans du projet de la Promenade Verte régionale ; coïncidence ou non, cette dernière emprunte précisément la Rue BASSEM (Le Parc du Bergoje, fiche technique ; Gilles CLÉMENT, Hommage à Roland BAEYENS, 1948-2012.) Remerciements à Gaspard JEDWAB pour ces renseignements.

En 1990, l’IBGE notait, dans son étude préalable à l’aménagement du Parc : « A l’est, où le ruisseau est voûté, l’aspect forestier s’atténue, sans doute sous l’influence d’anciens bâtiments actuellement démolis. La strate arborescente […] comporte en outre […] un pommier (Malus sp)… ». Malus sp étant un pommier d’ornement, il nous plaît de penser qu’il s’agissait là d’un dernier vestige des pépinières de BASSEM.

Une villa jadis dans le Parc du Bergoje

La propriété de l’artiste peintre auderghemois Pierre DEVIS se situait dans l’actuel Parc du Bergoje (Louis SCHREYERS et Nadine DE VOS, Auderghem par Quatre Chemins, édition Aparté, 2017, p.55). Plus la moindre trace n’en subsiste, hormis peut-être l’entrée monumentale du parc, ainsi que quelques vieux châtaigniers.

C’est probablement pour cette même villa que Mme SADOINE, nouvelle propriétaire, introduisit, en 1927, une demande de permis de transformation à l’administration communale. Cette villa disparut définitivement à une date indéterminée entre 1981 et 1986.

Cette villa était perchée au sommet du versant boisé dans le Parc du Bergoje, relativement à mi-distance dans le sens de sa longueur. Elle était accessible par un chemin carrossable depuis la grille monumentale Rue BASSEM. Très peu d’Auderghemois en ont gardé un souvenir, peut-être parce qu’elle était si bien dissimulée par la végétation de la propriété.

Pierre DEVIS

Pierre DEVIS naquit à Watermael-Boitsfort-Auderghem le 21 janvier 1846 et mourut à Auderghem le 24 septembre 1919. Il était le fils d’Henri (agriculteur) et de Marie Thérèse DOMS.

Cet artiste-peintre devint célèbre pour ses décors théâtraux qu’il réalisa pour de nombreux théâtres fin du XIXe siècle. Il travaillait avec Armand LYNEN, avec qui il était lié d’une profonde amitié.
Il fut le décorateur attitré du Théâtre royal de La Monnaie de 1875 à 1905. L’un de ses chefs d’œuvre fut le tableau représentant la Grande Place de Bruxelles, pour la pièce Princesse d’Auberge. « A cette époque, les abonnés et le public disaient volontiers, allons « voir » au lieu d’entendre tel opéra, tant le plaisir des yeux était devenu un enchantement ».
Selon les témoignages d’époque, son don en peinture n’avait d’égal que son affabilité. Lorsque sa carrière fut terminée, en 1905, il se retira dans sa villa d’Auderghem pour s’adonner complètement à sa passion d’artiste-peintre.

Bonheur en famille : Pierre DEVIS et ses deux filles (Cette photo et le portrait qui suit proviennent des photocopies in Dossier « Collection BOMMER », Centre d’Art de Rouge-Cloître. Remerciements à Vincent VANHAMME).

Pierre DEVIS en fin de vie et sa pierre tombale au Cimetière d’Auderghem.

Marié à Marie Mina VROOMEN (1857-1923), ils eurent à notre connaissance deux filles. L’aînée épousa, vers 1920, un fils de Franz MERJAY, le héros de la guerre 1914-18, fusillé par les Allemands, et dont une rue sur Ixelles et Uccle rappelle le nom. Franz MERJAY fut le fils du Lieutenant-Général Jean-Baptiste MERJAY, 3e bourgmestre d’Auderghem (février-octobre 1885). Quant à la plus jeune fille de Pierre DEVIS, Ida, elle épousa en 1929, l’ethnographe Jules BOMMER ; le couple vécut à Auderghem. La Commune d’Auderghem hérita, en 2001, d’une collection de près de 60 tableaux de Pierre DEVIS, donnés initialement par le couple BOMMER-DEVIS au Conseil de Trois Fontaines.

Le château SADOINE ou une réplique du Petit Trianon

Maria Henriette Constance Camille MONCHEUR de RIEUDOTTE (Liège, 27.3.1889 – Auderghem, 23.1.1957), s’unit en 1913 à Eugène René Marie Emmanuel SADOINE (1885-1960).

La renommée de la famille SADOINE tient à celle d’Eugène SADOINE (1820-1904), directeur général de COCKERILL de 1865 à 1886. « Les brillantes qualités de M. SADOINE lui valurent de nombreuses distinctions des gouvernements étrangers. Le Roi, qui l’avait nommé commandeur de son Ordre, le créa baron dans les dernières années de sa direction » (COCKERILL – 1817-1927, album du 110e anniversaire de la fondation des usines, 1928).

Mais, contrairement à sa signature et à l’inscription sur sa stèle funéraire, il semble bien que Mme René SADOINE n’ait jamais été baronne. C’est parce qu’elle l’apprit après la naissance de ses enfants, qu’elle se sépara de son mari avant de s’installer à Auderghem (Témoignage de sa belle-fille Odette VERLYNDE et de son fils Jean-Claude SADOINE, merci pour ces renseignements).

En 1927, la « Baronne René SADOINE » (comme elle signa sa lettre) introduit une demande de permis à l’Administration communale d’Auderghem ayant pour objet la transformation de sa propriété sise Rue de la Woluwe, 44 (ancien numéro de l’actuelle entrée du Parc du Bergoje). Le dossier comprend des photocopies de plans, des coupes et des élévations de façades. Hélas, ces documents ne permettent pas de distinguer ce qui était projeté de ce qui existait au préalable. L’autorisation fut accordée et le projet effectivement réalisé.

Plan joint à la demande d’autorisation de transformer la propriété de la Baronne René SADOINE, mai 1927 (extrait, Dossier N°1968 à l’Urbanisme d’Auderghem). La famille raconte qu’elle avait voulu une réplique du Petit Trianon de Versailles.

 

Le Château SADOINE en ruines (hiver 1980-1981, ©Guido BÉNY). On distingue, à gauche, l’amorce de la pente vers la vallée du Roodkloosterbeek

Portrait (collection famille SADOINE) et sépulture (Cimetière d’Auderghem) de Maria MONCHEUR de RIEUDOTTE, dite Baronne SADOINE.

Au décès de Mme SADOINE-MONCHEUR, le 23.1.1957, la propriété échut par héritage à ses deux enfants. En cette même année, le fils Camille SADOINE céda sa part à sa sœur.

Vers 1960 à 1965, le « Baby Hotel » dont il a été question au sujet de la Villa VERRYCKEN, prit également la villa SADOINE en location.

La fille de Mme SADOINE-MONCHEUR céda l’ensemble à la société CFE en 1973. Nul doute que cette entreprise de construction avait des visées de lotissement. Ce fut la période d’abandon total au cours de laquelle la villa tomba en ruine.